
Découragée ?
J’ai choisi mon métier de dentiste car il allie le soin aux autres,la technique,l’esthétique et l’humain.
Quand j’ai commencé à travailler , les gens me disaient : « bientôt il y aura un vaccin et tu n’auras plus de travail » et cela fait plus de 35 ans que je travaille encore

Je leur répondais qu’il y aura toujours des accidents avec des dents cassées, des couleurs pas flatteuses,des changements d’anciennes prothèses,des dents pas bien alignées et des sourires à revoir.
Les études ne préparent pas à la vraie vie et encore plus maintenant . Nous sommes de très bons techniciens en sortant de la faculté mais il ne faudra pas oublier l’humilité

Les contacts avec les patients ( bien que j’ai travaillé des heures en plus à l’hôpital) et surtout apprendre à écouter sans juger, à parler avec empathie et à comprendre les problèmes sous-jacents… tout cela vient avec le temps,l’empathie et l’ouverture d’esprit et les formations.
J’ai appris avec un coach canadien tout ce que j’ai dit précédemment mais aussi à parler argent et motivation et prévention.
Mais j’ai appris un symptôme = un traitement et sur le long terme il y a des choses qui clochent :
un problème de déchaussement qui ne guérit pas malgré notre traitement et l’engagement du patient,
plein de caries alors que le patient a une hygiène correcte et j’ai plein d’exemples comme cela.
Alors j’ai douté , cherché et heureusement je n’étais pas seule. Avoir trouvé une médecine dentaire et une formation IEMPI qui voit l’être humain dans son entier et qui recherche l’enchainement de situations qui a créé le problème est vraiment un plus dans ma vie professionnelle.
Malheureusement je travaille en milieu rural et dans un désert médical où 7 dentistes sont partis sans être remplacés. Les pouvoirs publics n’ont pas bougé car après chaque départ ,les dentistes restants ont essayé de prendre les patients. Mais maintenant ,stop nous sommes épuisés.
Les jeunes désertent la campagne et le métier.
L’agenda est saturé, » over rempli » et ce malgré la formation que j’ai eu sur gérer le temps.
D’après les études de L’ARS ( Agence Régionale de Santé) ,nous ne ne faisons pas assez de soins de prévention alors que leurs statistiques datent de 2008 et qu’ils n’ont pas pris en compte l’effondrement du nombre de praticiens. Ils disent aussi que nous ne savons pas gérer notre agenda….le problème est le manque de praticiens.
Ne pas être découragée devient difficile quand vous êtes engagée dans votre métier et que les seuls retours viennent de vos patients contents mais inquiets de perdre leur dentiste à l’heure de la retraite.

