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Inflammation, Santé Dentaire et Bien-être Mental

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Nous allons voir les liens existants entre les maladies parodontales,l’inflammation et la dépression.

Plan de l’article :

  • Qu’est ce qu’une maladie parodontale
  • l’inflammation et la réponse inflammatoire
  • la dépression ou déprime temporaire
  • les liens supposés entre ces 3 éléments
  • conclusions

Les maladies parodontales sont des maladies infectieuses de causes multiples qui atteignent le tissu de soutien de la dent, c’est à dire la gencive, l’os et le ligament alvéolo-dentaire.

Il est important de mettre en oeuvre le bon suivi pour les prévenir car leur conséquence au long terme est lourd. Elles sont dues à la colonisation des dents par le biofilm: bactéries accumulées sous forme de plaque dentaire et de tartre.

En France 50% des adolescents de moins de 15 ans souffrent de gingivite, ce chiffre monte au dessus de 80% pour les adultes entre 35 et 44 ans.
On retrouve la plaque dentaire chez 50% des enfants et 30% des enfants de 15 ans ont du déjà du tartre.

Entre 35 et 64 ans, 46,68% des patients français ont une perte d’attache sévère (supérieure à 4mm)


La cavité buccale est un organe complexe aux structures anatomiques diverses colonisées par des milliards de bactéries. Un déséquilibre peut avoir des conséquences tant localement qu’à distance.

En dehors de la perte des dents ,les maladies parodontales peuvent avoir des répercussions sur la santé en général.

Le risque de développer une infection à distance existe, par essaimage dans la circulation sanguine des bactéries qui vont ensuite se fixer puis se développer dans d’autres organes du corps :

  • les maladies parodontales augmentent de 25% le risque d’infection au niveau des valves cardiaques 
  • d’autres localisation sont possibles (sinusite, abcès à distance: pulmonaire, cérébral, infection sur prothèse articulaire)
     

Chez la femme enceinte l’existence d’une maladie parodontale multiplie par 3 à 7 le risque d’accoucher prématurément.

Le risque de maladie cardiovasculaire et notamment d’infarctus du myocarde serait plus élevé chez les personnes souffrant de maladie parodontale. 

Enfin le diabète favorise la survenue de maladie parodontale et inversement les maladies parodontales influent sur le diabète en le déséquilibrant.



On peut dire aussi que la maladie parodontale est une dysbiose =
la dysbiose est une rupture du délicat équilibre entre les milliards de micro-organismes du microbiote humain et de ses bonnes relations avec notre corps.
.

Source : «  La bouche ,miroir de votre santé «  Dr Bruno Donatini https://amzn.eu/d/f1nomCc

Selon cette source Neupane SP, Virtej A, Myhren LE, Bull VH. Biomarkers common for inflammatory periodontal disease and depression: A systematic review. Brain Behav Immun Health. 2022 Mar 14;21:100450. doi: 10.1016/j.bbih.2022.100450. PMID: 35330865; PMCID: PMC8938251.

Une pathologie buccale inflammatoire peut être un puissant inducteur de réponse neuro-immunitaire chronique liée à la dépression. 
La contribution immuno-inflammatoire à la dépression était évidente dans le contexte des maladies parodontales inflammatoires

Dans les 2 études citées en source on voit se dessiner une autre approche de la dépression .

L’étude nous explique aussi pourquoi ce lien apparent étrange entre inflammation et dépression aurait donné à l’espèce humaine une sorte d’avantage comparatif dans son évolution biologique. Et pourquoi nos modes de vie actuels ont un effet pervers sur cette mécanique complexe.

Pourquoi la dépression existe et est-elle forcément mauvaise pour les humains ?

La même étude de Nature a découvert un biais évolutionniste dans les phénomènes inflammatoires.

En gros, face à un danger comme une charge par un lion, une vilaine bactérie ou la colère d’un rival de clan, l’humain réagissait par de l’inflammation.

Rappelez vous que le cortisol = hormone du stress est aussi inflammatoire .En parallèle le système nerveux a envoyé des signaux à travers tout le corps pour se calmer,soigner sa blessure ou lutter contre les pathogènes.

En gros tu restes tranquille chez toi ,tu te soignes et tu n’as envie de voir personne pendant cette période.

Dans ces environnements bruts,la réponse inflammatoire était modulée par le contact avec des gentils pathogènes qui aidaient le système immunitaire à réguler ou à mieux gérer l’adversité.




Si je résume , problème = inflammation= petite déprime temporaire et retour à la normale grâce à nos amis les bactéries qui nous veulent du bien.

Lorsque nous sommes attaqués ,notre corps développe une réponse inflammatoire.

Au cours de l’évolution humaine et pour permettre de se réparer, le système nerveux humain a donc prévu de nous mettre en quasi dépression pour nous permettre de prendre soin de nous pendent cette phase inflammatoire.

Donc inflammation = déprime temporaire + présence de gentilles bactéries de notre environnement = guérison plus rapide. Mais aujourd’hui notre phase inflammatoire est chronique et notre épisode de déprime n’est pas régulé par le contact avec ces gentilles bactéries du coup la dépression s’installe .

Aujourd’hui nous ne sommes plus dans le même schéma de vie, mais notre corps lui a encore ses réflexes de l’âge préhistorique. Dans le contexte moderne ,face à un danger ou un problème, on a donc une baisse des maladies infectieuses couplées à une hausse des terrains inflammatoires et une augmentation des maladies auto immunes.

Nos intérieurs de maison et autres sont totalement aseptisés, nos enfants ne mangent plus de terre ou sable dans les bacs des cours de récré .

La dépression au lieu d’être vite régulée, s’installe. Cette hypothèse évolutionniste c’est un modèle.

Mais ce qui nous intéresse ce sont les vrais liens qui sont établis entre le système immunitaire qui contrôle l’inflammation et le système nerveux qui va entrainer une dépression.

Une méta-étude de 2020 qui a analysé les résultats sur plus de 5000 personnes sur les marqueurs de l’inflammation dans la dépression, est sans appel : les patients déprimés ont plus de marqueurs pro-inflammatoires et moins d’anti-inflammatoires dans leur corps.

La dépression est bien un état pro-inflammatoire . Quelques éléments de cette hypothèse qui éclairent nos problèmes de santé moderne :

  • en Asie et Afrique chez certaines populations qui n’ont pas accès au mode de vie occidental ,on constate aucune dépression et quasiment pas de maladies auto-immunes ou à caractères pro-inflammatoires
  • les femmes sont plus sujettes à la dépression que les hommes, deux fois plus. Elles sont aussi plus sujettes que les hommes à contracter des maladies auto-immunes à caractère pro-inflammatoire telles que poly-arthrite rhumatoïde, fibromyalgie,sclérose amyotrophique…. Cette hyper-sensibilité à la réponse inflammatoire et donc à la dépression peuvent expliquer pourquoi les femmes vivent plus longtemps que les hommes. Elles sont peut être plus prudentes, savent mieux prendre soin d’elles quand cela va mal , en mode cocooning.




Les inflammasomes = protéines complexes qui servent d’interface entre le système nerveux et le système immunitaire. Leur quantité dans le sang augmente avec la sévérité de la dépression. Et ces protéines entrainent une activation de la réponse immunitaire dans certaines régions du cortex, en gros comme une attaque au niveau du cerveau des déprimés donc un impact sur les neuro-transmetteurs des hormones du bien être : noradrénaline,sérotonine et dopamine.




On sait selon cette étude : prévalence du risque inflammatoire est un bon indicateur de futures dépressions.

Le rôle des facteurs psychologiques dans l’apparition et la progression des maladies parodontales est un domaine de recherche qui suscite de plus en plus d’intérêt, car elles examinent 2 aspects cruciaux du lien entre la santé parodontale et l’état de santé en général.

De plus ,plusieurs études réalisées il y a quelque 10 ans ont démontré l’existence d’une forte relation entre le stress, la dépression et les maladies parodontales et ont proposé 2 liens mécanistes pour expliquer cette association :

  • l’un biologique  insiste sur la manière dont le stress et la dépression peuvent réduire les fonctions du système immunitaire et faciliter l’inflammation chronique
  • l’autre comportemental qui repose sur l’hypothèse voulant que le stress et la dépression puissent entraîner une hausse de certains comportements néfastes pour la santé, comme la consommation de tabac ou d’alcool, une mauvaise alimentation et une mauvaise hygiène buccodentaire. Il en résulte une augmentation du biofilm buccal et une diminution de la capacité du parodonte de résister à l’inflammation.

Une récente revue systématique a révélé que le nombre de corrélations positives excède le nombre de résultats négatifs dans une proportion de 4 pour 13 .

De plus, des études récentes bien conçues ont confirmé les corrélations positives entre le stress, la dépression et les maladies parodontales, en établissant des liens convaincants entre la dépression et la perte de dents, entre le stress et la perte d’attache, entre le stress ou la dépression et une mauvaise hygiène buccodentaire, ainsi qu’entre un taux élevé de cortisol et la profondeur au sondage ou la perte de dents .

Ces études corroborent ainsi fortement les mécanismes biologique et comportemental proposés pour expliquer le lien entre la santé parodontale et l’état de santé en général.

Et vous qu’en pensez vous?

N’oubliez pas de consulter un dentiste si un saignement de gencives est présent au brossage ou même en dehors, si vous avez une mauvaise haleine.

Et une bonne hygiène dentaire 2 à 3 fois par jour.

Sources :


1/ The role of inflammation in depression: from evolutionary imperative to modern treatment target, Miller et Raison, Nature, 2016

2/ Inflammatory markers in depression: A meta-analysis of mean differences and variability in 5,166 patients and 5,083 controls, Osimo et al., Brain Behaviour and Immunity, 2020

3/ Rapports étroits entre inflammation chronique et maladies auto-immunes et la dépression article dans la revue Nature en 2016

4/Kareem O, Ijaz B, Anjum S, Hadayat S, Tariq I, Younis M. Association of depression with dental caries and periodontal disease at a tertiary care hospital. J Pak Med Assoc. 2021 May;71(5):1345-1349. doi: 10.47391/JPMA.432. PMID: 34091612.

5/ Nolde M, Holtfreter B, Kocher T, Alayash Z, Reckelkamm SL, Ehmke B, Baurecht H, Baumeister SE. No bidirectional relationship between depression and periodontitis: A genetic correlation and Mendelian randomization study. Front Immunol. 2022 Jul 22;13:918404. doi: 10.3389/fimmu.2022.918404. PMID: 35935963; PMCID: PMC9355660.

6/ Neupane SP, Virtej A, Myhren LE, Bull VH. Biomarkers common for inflammatory periodontal disease and depression: A systematic review. Brain Behav Immun Health. 2022 Mar 14;21:100450. doi: 10.1016/j.bbih.2022.100450. PMID: 35330865; PMCID: PMC8938251.

7/ Ball J, Darby I. Mental health and periodontal and peri-implant diseases. Periodontol 2000. 2022 Oct;90(1):106-124. doi: 10.1111/prd.12452. Epub 2022 Aug 1. PMID: 35913583; PMCID: PMC9804456.

8/ Dibello V, Custodero C, Cavalcanti R, Lafornara D, Dibello A, Lozupone M, Daniele A, Pilotto A, Panza F, Solfrizzi V. Impact of periodontal disease on cognitive disorders, dementia, and depression: a systematic review and meta-analysis. Geroscience. 2024 Oct;46(5):5133-5169. doi: 10.1007/s11357-024-01243-8. Epub 2024 Jun 28. PMID: 38943006; PMCID: PMC11336026.

9/ www.instagram.com/aromatips.be/&ved=2ahUKEwjd6sDD4JmPAxV7_gIHHRQxKKQQFnoECAkQAQ&usg=AOvVaw1TVL2vUyhctgTu-ViE-1ab

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